Hérode le Grand by Christian-Georges Schwentzel

Auteur:Christian-Georges Schwentzel [Schwentzel, Christian-Georges]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Pygmalion
Publié: 2014-08-15T04:00:00+00:00

Fig. 4 : reconstitution de la forteresse du haut Hérodion

(d’après E. Netzer).

Les « scènes » du pouvoir

Lors des grandes occasions, Hérode se met lui-même en scène. La monarchie se donne régulièrement en spectacle. Les sujets peuvent alors apercevoir le roi et les membres de sa cour. La première « scène » choisie par le pouvoir est l’esplanade du Temple, accessible à tous, contrairement au sanctuaire dont l’accès est réservé aux prêtres.

Les Hasmonéens avaient intimement lié leur autorité au Temple, en faisant coïncider l’avènement de leur dynastie avec le rétablissement du culte traditionnel. En décembre 165 ou 164 av. J.-C., Judas Maccabée avait purifié le sanctuaire, fait allumer les lampes accrochées aux sept branches du chandelier, encensé l’autel et offert des sacrifices de bœufs26. Puis, il avait célébré pendant huit jours la « fête des Lumières », ou Hanoukka, commémorée ensuite, chaque année, comme l’acte fondateur de la nouvelle dynastie. Les Hasmonéens avaient également pris l’habitude d’organiser de grandes réunions populaires, qui avaient valeur de plébiscite, sur l’esplanade du Temple.

En quête de légitimité, Hérode cherche à son tour à s’approprier l’espace sacré ; il semble impossible de régner sur les Juifs et, à plus forte raison, de fonder une nouvelle dynastie sans instaurer une relation étroite avec le sanctuaire « national », comme l’avaient fait Salomon, Zorobabel ou Judas Maccabée. Le Temple joue un rôle central dans la propagande hérodienne. Son esplanade est l’endroit choisi par Hérode pour prononcer de grands discours et organiser des cérémonies à sa gloire. Une grande fête est organisée pour célébrer l’inauguration du nouveau Temple par le roi, en 12/11 av. J.-C. Hérode offre trois cents bœufs en sacrifice. La cérémonie lui permet de réunir un grand nombre de ses sujets, au cours d’une célébration religieuse qui est l’occasion d’une rare unanimité, voire d’une sorte de communion générale. Elle est l’une des plus grandes réussites de la propagande hérodienne. Le roi fait également en sorte que la fête d’inauguration du nouveau sanctuaire coïncide avec l’anniversaire de son couronnement. Ce double anniversaire est ensuite fêté chaque année en grande pompe. La fête devient la principale cérémonie annuelle de propagande à la gloire d’Hérode, comparable à la fête des Lumières pour les Hasmonéens.

Hérode le Grand fit construire à Jéricho un ensemble architectural, appelé « amphithéâtre » par Josèphe, mais qui avait la forme d’un hippodrome27. Le monument est composé d’une arène rectangulaire de 300 mètres sur 80, associée à un théâtre. On peut se demander quelle était la nature des spectacles qui se tenaient en ce lieu. Un passage de Josèphe (AJ XVII, 194-195) laisse entendre que l’« amphithéâtre » servait aux réunions de l’armée. En effet, à l’annonce de la mort du roi, c’est en ce lieu que les troupes sont réunies pour prêter serment de fidélité au nouveau souverain, Archélaos, fils d’Hérode. Vers la fin du règne, l’« amphithéâtre » sert aussi de camp de prisonniers et de tribunal. Les opposants y sont parqués en attente de leur jugement ; les condamnés y sont brûlés vifs ou lapidés par des civils ou des soldats réunis à cet effet.

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